Réécoutez le premier épisode consacré à l'irruption de la révolution numérique dans le travail des 2 artistes originaires de Lorient.
Comme elle avait tout de suite adopté Photoshop ou Sketchup, Kalon Glaz s'est précipitée sur Midjourney qu'elle fait travailler avec plaisir, rédigeant ses prompts (commandes) pour faire générer au logiciel des images qu'elle sélectionne et retravaille, forcément. C'est là qu'intervient l'humain : passer commande à l'outil et retravailler ce qu'il produit. Quant à Yann Minh il est formel : "il en faudra bien davantage pour faire disparaître les artistes". Mais l'IA ne peut donner que ce qu'elle a. Comme l'ont toujours fait les artistes humains, l'IA puise - pour composer ses images - dans le fonds artistique du passé, tout du moins celui qui est resté et qui est disponible en ligne. Alors, forcément, des oeuvres et des artistes "non répertoriés" ne sont pas repris et ne laissent pas de trace dans la grande histoire de la création artistique. Un autre effet des IA, c'est de redistribuer les revenus de l'art. Certains artistes vont disparaître, celles et ceux qui misent sur la quantité ou sur une production quasi standardisée comme les "raffeurs" qui produisent les storyboard avant de grands projets (parcs de loisirs, événements...), à la manière des artistes pompiers. Elles et eux pourront aisément être remplacés par des intelligences artificielles qui travaillent bien plus vite.
Un autre problème majeur que posent les IA actuelles c'est qu'elles appartiennent à de grandes compagnie privées qui décident seules de ce qui peut être vu et entendu selon des critères qu'elles seules ont décidé. Un ami artiste de Yann Minh s'est ainsi vu refuser la modification d'une de ses œuvres par le logiciel Photoshop dont l'IA avait détecté l'image d'un sexe féminin (ce qui n'était même pas le cas). "C'est comme si le rabot dictait au menuisier ce qu'il a le droit ou non de fabriquer, conclut Yann Minh. Non seulement c'est une privation de liberté mais avec un risque de confiscation et de formatage du champ esthétique et culturel à l'échelle planétaire..."