Voyages extraordinaires dans le monde des sciences - Par Radio Laser
07 juillet 2023
Jean-Louis Coatrieux et Félix Boulé rencontrent Véronique Chable, biologiste et agronome. Elle est ingénieur de recherche à l'Institut National de Recherche pour l'Agriculture, l'Alimentation et l'Environnement (INRAe) 1]. Cet institut est né en 2020 de la fusion entre l'INRA et l'Institut national de recherche en sciences et technologies pour l'environnement et l'agriculture et rassemble 11000 personnes dans plus de 250 unités de recherche et expérimentales réparties dans 18 centres de recherche (dont 1 en Antilles-Guyane). Véronique Chable, leur invitée, travaille et dirige une équipe dans le centre de recherche de Le Rheu. Son credo ? Soutenir une agriculture biologique authentique, cohérente des semences aux produits, par la construction de réseaux de recherche associant tous les acteurs de cette chaîne et par la collecte et la diffusion de connaissances fondées sur le vivant et sa diversité. -------- Raconter des histoires au moyen d’entretiens avec des chercheuses et des chercheurs de toutes disciplines, les écouter exprimer leurs motivations, leurs passions, raconter leurs rencontres, leurs travaux, tel est l’objet de Voyages extraordinaires dans le monde des sciences, une série d’émissions créée par Jean-Louis Coatrieux, lui-même chercheur, et co-animée par Félix Boulé. Informer, faire découvrir ces mondes qui dessinent ceux de demain, motiver les jeunes, filles et garçons, à s’engager sur ces chemins en toute liberté, voilà ce que nous cherchons avec ces Voyages. Des entretiens en co-diffusion Radio laser / Unidivers.fr. ------------ Véronique Chable, notre invitée, travaille et dirige une équipe dans le centre de recherche de Le Rheu. Son credo ? Soutenir une agriculture biologique authentique, cohérente des semences aux produits, par la construction de réseaux de recherche associant tous les acteurs de cette chaîne et par la collecte et la diffusion de connaissances fondées sur le vivant et sa diversité. Elle est avec Gauthier Chapelle l’auteure du livre La Graine de mon assiette, sous-titré « De l'origine de l'agriculture et de ses semences à une invitation à changer le monde », publié en 2020 aux éditions Apogée [2]. Un tel titre ne peut que nous interpeler dans le contexte actuel où les concentrations agro-industrielles se multiplient, où les menaces sur les approvisionnements de produits de base se précisent, où les paysans sont et seront de moins en moins nombreux. Chute de fertilité des sols, diminution de la longévité des espèces cultivées (de leur vitalité) obligent les agriculteurs à se réapprovisionner en semences beaucoup plus souvent et soulignent l’urgence de sélectionner des plantes robustes et de développer des pratiques qui favorisent la résilience de l’agroécosystème, sans perdre leurs qualités gustatives et nutritives, et ceci dans le respect des hommes et des femmes qui les produisent. Le succès de la « bio » ne doit pas masquer que la recherche qui lui est consacrée reste très modeste. Il ne s’agit pas comme nous l’entendons parfois de revenir à une agriculture d’avant-guerre mais d’associer des savoirs et savoir-faire traditionnels aux avancées rendues possibles par la recherche. Dans ses articles, Véronique Chable cite parmi le pionniers d’une agriculture respectueuse de l’environnement Rudolf Steiner et Sir Albert Howard avec leur approche globale des êtres vivants et de la terre. Puis, plus politiques, le Suisse Hans Müller et sa femme, dénonçant les travers socio-économiques et la réduction d’autonomie des agriculteurs, et qui avec Hans Peter Rusch, microbiologiste, proposèrent une agriculture organo-biologique basée sur la microbiologie des sols. En France, presqu’un siècle depuis la création par Raoul Lemaire de la première filière bio au début des années 1930 avec une pratique de fertilisation des sols à base d’une algue calcaire riche en magnésium (Lithothamnium calcareum) plus connue sous le nom de « maërl » promouvant la sélection et la multiplication de blés à haute valeur boulangère adaptés à une filière bio. Jean Boucher a lui fondé en 1958 le premier Groupement de l’agriculture biologique (GAB) de l’Ouest et en 1961 l’Association française d’agriculture biologique (Afab). Cette agriculture biologique et paysanne appelle selon Véronique un regard renouvelé sur la vie et une approche adaptée. Elle passe par une approche participative, multi-acteurs et transdisciplinaire. C’est cette expérience en quelque sorte d’ingénieur du vivant qu’elle nous propose de partager dans notre questionnement. Qu’est-ce que l’agriculture biologique et paysanne ? Comment comprendre les termes céréales mineures et variétés anciennes ? Et l’agroécologie ? Quels en sont les acteurs ? Que signifie pour elle « recherche-action » et travail participatif ? Quels sont les résultats et les enseignements obtenus lors de projets européens comme Diversifood et Liveseed ? Dans ce combat pour la diversité, le durable… que faudrait-il faire que nous n’avons pas fait ? ------------------- [1] https://www.inrae.fr/ [2] Véronique Chable et Gauthier Chapelle, La graine de mon assiette. De l'origine de l'agriculture et de ses semences à une invitation à changer le monde, éditions Apogée, 240 pages, 2020, 28 euros ---------------- Pour en savoir plus : sur deux projets européens : https://diversifood.eu/ ou http://dynaversity.eu/, sur les réseaux semences : https://www.semencespaysannes.org/ pour la France et https://liberatediversity.org/ pour l'Europe et un exemple d'association http://kaolkozh.bzh/2021/02/22/une-maison-des-semences-paysannes-a-rennes/