Laisse-moi te dire. Le titre de cette anthologie personnelle de Margaret Atwood paraît d'abord se donner dans un murmure : celui que l'on adresse « à l'indicatif présent » au « compagnon de route » ; celui de l'intimité amoureuse, du foyer, de la cabane ou de l'igloo, motifs récurrents d'une poésie qui croit au possible bonheur des petites communautés humaines. Mais ce murmure ne saurait faire oublier la mise en garde qui vient sourdre dans les recueils que la romancière livre, dix années durant, de The Circle Game (1964) à We Are Happy (1974). Catastrophes provoquées par l'homme, fonte des glaces, oppression des petits par les puissants, destruction des espaces naturels. Dans le laboratoire de la création littéraire, le poème est l'éprouvette dans lequel Margaret Atwood fait naître les cellules souches que développent ses romans.