L'ambiance du lieu est changeante. À La faveur d'un bon mot, d'une apparition féline derrière la fenêtre ou d'un silence si pesant qu'il en devient absurde, les rires fracassent le bourdonnement monacal des machines qui piquent, cousent et assemblent. Mounir est penché au dessus de son ouvrage. Les épaules sont larges, le dos est plein, les doigts sont précis. Ni le sweat à capuche noir floqué de grosses lettres capitales ni les baskets ne renseignent qui il est. Le genre non plus. Pas même le lieu de résidence précisé sur sa carte d'identité. L'immense sourire serti d'un bel alignement de dents blanches éclairent en revanche les intentions du bonhomme : il a du plaisir à être là où les cases ne l'attendent pas ; à sa place pour confectionner, avec d'autres, des dizaines de masques pour le foyer de vie de Kerlivet, pour des familles de Kerbernard ou pour les éducateurs de l'association Don Bosco.