J'ai rencontré Joséphine* il y a près de quatre ans, à Calais, dans ce qu'on appelait alors la "jungle" (prononcer [djeungueule - "le bois" en farsi) : un camp d'infortune, de grands malheurs et de miraculeux petits bonheurs, où près de 6000 exilés patientaient devant les côtes anglaises.
Des femmes, des hommes, des enfants, des mineurs isolés en profonde détresse.
La jungle n'avait pas encore été totalement démantelée. Certains espéraient encore.
Bénévole, Joséphine dormait depuis un mois dans l'enceinte du camp, entre les planches depalettes de l'école laïque du chemin des dunes.
Sans eau courante ni électricité.