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La goutte et l'araignée

La fontaine à fables - Par Plum'FM

3 min 2 sec 17 décembre 2025

Dans cet épisode
on discute :

Émissions culturelles

Ici Lafontaine va nous parler d'un animal et d'une maladie qui ont tout deux mauvaise réputation. En effet, dans cette fable, c'est un enfer personnifié qui aurait créé la goutte (maladie douloureuse des articulations) et l'araignée. Il aurait même permis à ces 2 malheurs de choisir leur lieu d'habitation. 

Au début, l’Araignée a choisi les beaux palais, mais elle y subit sans cesse les coups de balai des domestiques qui détruisent ses toiles. La Goutte, qui craignait les médecins, s’est d’abord installée chez un pauvre homme, mais celui-ci travaille trop et la fatigue. Elles échangent donc leur place et s'y retrouveront beaucoup mieux.

En effet, comme le pauvre homme néglige le ménage, l'araignée y trouve un terrain favorable. Et la goutte est plus à l'aise chez quelqu'un qui n'est pas obligé à bouger sans cesse. On peut lire cette morale de 2 façons : le pessimiste y verra que les maux et les fléaux trouvent toujours un terrain favorable. L'optimiste saura voir qu'il faut parfois changer de décor pour être plus épanoui.

La Goutte et l'Araignée

Quand l'Enfer eut produit la Goutte et l'Araignée :
Mes filles, leur dit-il, vous pouvez vous vanter
            D'être pour l'humaine lignée
            Egalement à redouter.
Or avisons aux lieux qu'il vous faut habiter.
            Voyez-vous ces cases étrètes ,
Et ces palais si grands, si beaux, si bien dorés ?
Je me suis proposé d'en faire vos retraites.
            Tenez donc ; voici deux bûchettes :
            Accommodez-vous, ou tirez.
Il n'est rien, dit l'Aragne , aux cases qui me plaise.
L'autre, tout au rebours, voyant les palais pleins
            De ces gens nommés Médecins,
Ne crut pas y pouvoir demeurer à son aise.
Elle prend l'autre lot, y plante le piquet ,
S'étend à son plaisir sur l'orteil d'un pauvre homme,
Disant : Je ne crois pas qu'en ce poste je chomme,
Ni que d'en déloger et faire mon paquet
            Jamais Hippocrate me somme .
L'Aragne cependant se campe en un lambris,
Comme si de ces lieux elle eût fait bail à vie ;
Travaille à demeurer ; voilà sa toile ourdie ;
            Voilà des moucherons de pris.
Une servante vient balayer tout l'ouvrage.
Autre toile tissue ; autre coup de balai :
Le pauvre Bestion tous les jours déménage.
            Enfin après un vain essai,
Il va trouver la Goutte. Elle était en campagne,
            Plus malheureuse mille fois
            Que la plus malheureuse Aragne.
Son hôte la menait tantôt fendre du bois,
Tantôt fouir, houer . Goutte bien tracassée
            Est, dit-on, à demi pansée.
Oh ! je ne saurais plus, dit-elle, y résister :
Changeons, ma sœur l'Aragne. Et l'autre d'écouter.
Elle la prend au mot, se glisse en la cabane :
Point de coup de balai qui l'oblige à changer.
La Goutte d'autre part, va tout droit se loger
            Chez un Prélat qu'elle condamne
            A jamais du lit ne bouger.
Cataplasmes, Dieu sait. Les gens n'ont point de honte
De faire aller le mal toujours de pis en pis.
L'une et l'autre trouva de la sorte son conte  ;
Et fit très sagement de changer de logis.

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