Dans la fable qui va suivre, un renard va essayer de faire descendre un coq de son arbre. Il souhaite le croquer évidemment comme tout bon renard qui se repecte mais il va dire que c'est pour faire la paix et s'embrasser comme des frères. Le coq voit la ruse du goupil et du haut de sa branche, il prétend qu'il voit 2 chiens de chasse approcher et que c'est l'occasion pour le renard de faire également la paix avec eux. Attendons-les et embrassons-nous tous ! Le renard prend tout de suite peur et prétexte une autre affaire pour se retirer tout de suite.
A l'inverse de la fable du corbeau et du renard, c'est le mammifère qui se fait berner. Jean de la Fontaine met ici en valeur la force de l'expérience : ne pas se laisser avoir est une source de plaisir mais c'est encore plus plaisant lorsque l'on arrive à prendre le menteur à son propre piège.
Le coq et le renard
Sur la branche d’un arbre était en sentinelle
Un vieux Coq adroit et matois.
Frère, dit un Renard adoucissant sa voix
Nous ne sommes plus en querelle :
Paix générale cette fois.
Je viens te l’annoncer ; descends que je t’embrasse ;
Ne me retarde point, de grâce :
Je dois faire aujourd’hui vingt postes sans manquer.
Les tiens et toi pouvez vaquer,
Sans nulle crainte à vos affaires :
Nous vous y servirons en frères.
Faites-en les feux dès ce soir.
Et cependant, viens recevoir
Le baiser d’amour fraternelle.
Ami, reprit le Coq, je ne pouvais jamais
Apprendre une plus douce et meilleure nouvelle
Que celle
De cette paix.
Et ce m’est une double joie
De la tenir de toi. Je vois deux Lévriers,
Qui, je m’assure, sont courriers
Que pour ce sujet on envoie.
Ils vont vite, et seront dans un moment à nous.
Je descends : nous pourrons nous entre-baiser tous.
Adieu, dit le Renard, ma traite est longue à faire,
Nous nous réjouirons du succès de l’affaire
Une autre fois. Le Galand aussitôt
Tire ses grègues, gagne au haut,
Mal content de son stratagème ;
Et notre vieux Coq en soi-même
Se mit à rire de sa peur
Car c’est double plaisir de tromper le trompeur.